Reportages

Bastien Debruyn

Bastien Debruyn

"Je considère mes jus de fruits comme des vins : je les regarde, je les sens, je les goûte."

 

 

A croquer ou à boire, les pommes de Sepmes se font bichonner. Bastien Debruyn a rejoint son  père depuis 2006 et apporté un nouvel élan à l'entreprise dont le cœur de la stratégie reste le goût. Aux côtés des jus de fruits des « Vergers de la Manse » on trouvera des compotes, des confitures et gelées et nouveauté : du vinaigre ! « Tours'N Fruits » ce sont les mêmes produits mais vendus en supermarchés.

 

Comment définissez-vous votre métier ?

 

C'est un métier de passion, lié à la terre, au fruit. Ici, on boucle la boucle. On plante l'arbre, on le cultive, on ramasse ses fruits, on les trie, on les vend « comme ça ». Les invendables, les fruits qui ne sont pas beaux, sont transformés en jus. On doit obtenir un liquide équilibré en bouche, avec de l'acidité, du sucre, de l'arôme. Rien n'est rajouté, c'est du 100% pur jus.

 

D'où vous est venue cette passion ?

 

J'ai baigné dedans ! Pour moi c'est une évidence. Depuis tout petit, je vois mes parents produire des fruits. J'avais certainement la fibre agricole et au fur et à mesure de mes études j'ai aussi été piqué par la passion pour les jus de fruits. J'ai eu l'occasion d'en faire au lycée et ça m'a plu. J'ai émis l'idée à mes parents qui m'ont soutenu. En dernière année de bac professionnel, j'ai monté un dossier pour la transformation des fruits, ce qui m'a permis de créer mon emploi dans l'entreprise de mon père et de disposer d'un outil de travail.

 

Vous êtes engagé dans l'agriculture raisonnée. Expliquez-nous.

 

Nous raisonnons le traitement, nous ne le faisons pas systématiquement. Par exemple, contre la tavelure (maladie causée par un champignon), on sait qu'il va pleuvoir et faire une certaine chaleur, que les champignons vont sporuler, qu'il va y avoir propagation, là il faut traiter. Il va pleuvoir mais il fait froid, il n'y a pas de sporulation donc on ne traite pas. On travaille vraiment avec la nature. Depuis quelques années nous avons introduit des auxiliaires qui mangent les ravageurs comme les acariens et les pucerons. Voilà pourquoi on voit beaucoup de coccinelles. Et puis, nous avons une particularité : ne pas surproduire. La récolte représente au maximum 50 à 60 tonnes de fruits par hectare. Pour faire simple, plus on souhaite de fruits, plus il faudra d'engrais, moins la qualité gustative sera au rendez-vous car en quelque sorte diluée. Dans mon métier, la qualité c'est le nez, le goût, le visuel. Je considère mes jus de fruits comme des vins : je les regarde, je les sens, je les goûte.

 

Avez-vous un projet que vous aimeriez développer ?

 

Nous sommes en train de monter un atelier de vinaigrerie qui sera unique en Indre-et-Loire. Vinaigre de cidre, de coing, de cassis, de groseille... Tout ! Uniquement des purs jus, donc des vinaigres de qualité. Le but c'est de faire évoluer l'entreprise mais surtout de la maintenir. Nous avons dix emplois en contrat à durée indéterminée, et nous participons à l'économie du village. Ça me touche car n'étant pas né ici je suis quand même attaché à ma terre d'adoption.

 

Si je vous dis « Touraine » ?

 

Les châteaux, les personnages comme Rabelais ou Balzac. En Touraine, nous avons une riche culture historique et de grands auteurs. Il y a les vins, les bonnes tables... Comme celle de Michaël Chaplin au Moulin Fleuri à Veigné, un très bel endroit.

 

Si je vous dis « Terroir » ?

 

L'andouillette au Vouvray à la ficelle de chez Hardouin accompagnée de champignons et de vin blanc. En fruit, la pomme du sud du département !