Karine Batista
"Je fais des confitures pour les autres comme je les fais pour ma famille"
A Semblançay, certains ne connaissent ni son nom ni son prénom mais rares sont ceux n'ayant jamais goûté ses confiseries. Ici, Karine Batista est « Madame Confitures ». Ancienne chef de projet dans l'industrie, elle se reconvertit professionnellement il y a trois ans pour se consacrer à ce qui la passionne depuis toujours, les fruits et le sucre. Ce qu'elle aime : associer des saveurs inattendues et faire redécouvrir les produits.
Comment vous est venue cette passion pour les confitures ?
Nous avons cette passion dans notre famille. Mon père était très passionné comme moi et j'ai beaucoup appris de lui. J'avais besoin de me lancer et de créer mon entreprise. Aujourd'hui, je fais des confitures pour les autres comme je les fais pour ma famille et mes amis.
Avez-vous une recette de famille ?
Oui, la confiture framboise-litchi-rose ! C'est aussi celle qui rencontre le plus de succès auprès des consommateurs. Je pense que l'association de la rose avec les fruits rouges surprend autant qu'on prend du plaisir à la déguster.
Comment faites-vous pour surprendre justement ?
J'aime créer. Je commercialise une centaine de mes recettes mais j'en ai beaucoup d'autres en tête ! J'essaie d'agrémenter les recettes originales avec des goûts d'aujourd'hui. En ce moment je teste une confiture de lait au café Moka, avec des notes de caramel. Et une autre à la pêche jaune et au combava.
Ce sont des alliances audacieuses...
Oui. Mes enfants sont mes premiers fans et mes goûteurs. Ils me donnent immédiatement leur avis. Ensuite, je mets cette recette à l'épicerie du village avec laquelle je travaille. Les gens goûtent à leur tour et donnent leur sentiment à la gérante. En fonction du succès, je commercialise la recette ou non.
Vos confitures de tradition sont-elles des produits de notre terroir ?
Je me fournis à l'épicerie de Semblançay qui s'approvisionne chez les producteurs locaux. Malheureusement, il y a des fruits pour lesquels je ne peux pas me fournir en local. Mais les fraises, les pommes, les poires, les fruits rouges, la rhubarbe ou même le safran viennent de Touraine.
Quel est l'élément indispensable dans votre métier ?
Le plaisir. Il y a aussi le fait que je ne mette pas beaucoup de sucre dans mes préparations. On redécouvre les goûts et les saveurs. Quand on mange un abricot, il y a une acidité qu'on ne retrouve pas dans un pot de confiture lambda. Le vrai abricot cuit n'est pas forcément connu. On me dit souvent que c'est acide. Oui, un abricot est acide.
Les confitures sont sucrées mais peuvent se marier avec le salé...
Oui. Par exemple, l'olive-vanille-gingembre que je fabrique s'associe bien avec un fromage fort de brebis ou de chèvre. La courgette-citron avec une viande blanche ou un poisson et la poivron-safran avec des rillettes de poisson.
Qu'est-ce qui vous attache à Semblançay ?
J'aime bien mon village. C'est une grande famille et tout le monde prend part à mes confitures de tradition. L'école fait des ventes, l'épicerie est très active. Tout le monde y croit, tous jouent le jeu et me passent des petites commandes. Le village est jeune et franchement très attachant. On vit bien à Semblançay !
Si je vous dis "Terroir" ?
Les fraises de Rillé sont délicieuses et les truffes aussi. J'espère pouvoir faire quelque chose avec pour les fêtes.
Si je vous dis "Touraine" ?
Quand je vais livrer sur Bourgueil, il y a un village dont je ne me rappelle plus le nom... On passe à côté de la Loire qui est tellement large à cet endroit. On se croirait à la mer !