Viviane Macheroux
next"Sur une ferme bio, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas. Se diversifier est une façon d'assurer l'avenir."
Les Chavigny-Macheroux sont installés à la ferme de Vaumorin à Chançay depuis plus de trente ans. En 1996, ils ont effectué un virage vers le bio qu'ils ne regrettent pas. Majoritairement céréaliers, ils possèdent aussi des cultures de grands champs (pommes de terre, haricots verts, petits pois), une partie en élevage et proposent depuis août 2012 de la farine issue de leur moulin. Viviane Macheroux explique son parcours et son métier parfois difficile mais humainement enrichissant.
Comment vous est venue l'envie de devenir agricultrice ?
Je suis originaire de la région parisienne. J'ai toujours eu la fibre de mes grands-parents qui étaient des ruraux et l'envie de vivre à la campagne. La force des choses a fait que j'ai rencontré mon mari qui était installé dans une exploitation d'agriculture conventionnelle, ayant recours à une mécanisation poussée ainsi qu'aux pesticides et engrais chimiques. Très vite, je ne m'y suis pas retrouvée... J'ai l'impression que les citadins, dont je faisais partie, ont une vision du métier idéalisée, pensent que l'agriculture est naturelle, saine. Ils ne voient pas tout ce qui se passe derrière, les produits phytosanitaires et leurs négociants qui vous disent ce qu'il faut mettre dans vos champs.
D'où le passage à l'agriculture biologique ?
Exactement. En 1996, il y a eu un déclic : l'apparition des maladies professionnelles dues à l'utilisation des pesticides et la possibilité de bénéficier d'une aide à la conversion vers l'agriculture biologique, qui suppose moins de rendements. C'est moins facile de gagner sa vie qu'en conventionnelle, il faut tout anticiper même l'imprévisible ! Au début nous étions perçus comme des marginaux mais nous voulions montrer que c'était l'agriculture du futur. Et ça l'est ! Comme on ne peut pas intervenir chimiquement, il faut des outils mécaniques spécifiques aux surfaces des parcelles. Les marchands de matériels investissent de plus en plus dans la recherche.
Céréales, élevage, farine... La diversification est-elle importante ?
Oui. Nous avons encore une dizaine de limousines mais je ne compte garder que les volailles, mon mari étant à la retraite. Notre fille aînée devrait quant à elle reprendre l'exploitation dans une dizaine d'années, c'est elle la meunière de la famille. Sur une ferme bio, il y a toujours quelque chose qui ne fonctionne pas d'une année sur l'autre que ce soit en culture ou en élevage. Se diversifier est une façon d'assurer l'avenir.
Vous proposez de la vente directe, des portes ouvertes à la ferme et vous faites partie d'une AMAP (Association au Maintien de l'Agriculture Paysanne). Parlez nous en ...
Ce sont des choses différentes qui ont toutes comme but de faire vivre la ferme, de l'animer ! Les portes ouvertes, par exemple, permettent de faire venir pas mal de monde notamment des personnes à la recherche d'authenticité. Voir que nous travaillons correctement les rassure. Ils ont envie d'avoir confiance. Concernant l'AMAP, c'est un engagement des consommateurs qui ont envie de soutenir des producteurs. Ils s'engagent aussi bien financièrement, en payant par exemple un an à l'avance pour les légumes, et physiquement en aidant un agriculteur s'il a besoin d'un coup de main.
Quelle satisfaction en tirez-vous ?
Pour nous producteurs, les projets à long terme sont davantage envisageables, il est plus facile pour nous d'investir et de prévoir la trésorerie. Ça, c'est pour le point de vue économique. Mais c'est surtout devenu des réunions entre amis. Des liens se tissent et de consommateurs ils deviennent pour nous des amis.
Si je vous dis « Terroir » ?
Il y a le Sainte Maure de Touraine, les gélines de Touraine, le Vouvray, le Chinon... Je ne suis pas très vin, j'aime bien le fromage de chèvre.
Si je vous dis « Touraine » ?
Je vous dis jardin de la France, Loire, vignobles, douceur, belle vie, tranquillité. C'est une des plus belles régions. Quand nous sommes arrivés dans notre maison de Chançay à Vaumorin, c'était brut de décoffrage. Pas de chauffage, un robinet et une ampoule. Nous nous sommes énormément investis dans la rénovation. C'est devenu notre maison de famille mais ce que je préfère encore c'est mon jardin.